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L’univers cyberpunk- dystopie de notre relation aux machines

L’univers cyberpunk fait partie intégrante de la culture populaire. Des œuvres cinématographiques telles que Matrix et la franchise Terminator ont popularisé les standards de cet univers. Mais avant d’être repris par les différents arts, le cyberpunk est un mouvement littéraire défini comme une contre-culture de la science-fiction traditionnelle. Revenons sur l’histoire de ce mouvement pour comprendre son succès.

Un mouvement littéraire

Naissance du mouvement

Le mouvement se forme aux Etats-Unis pendant les années 80 grâce à l’initiative d’un petit groupe d’auteurs fédérés autour de plusieurs fanzines dont Cheap Truth de Bruce Sterling. C’est en 1984, à la sortie de Neuromancien de William Gibson, que le genre se fait connaître du grand public. C’est Gardner R. Dozois qui va populariser le terme dans un article pour le Washington Post où il opposait humaniste et cyberpunk. D’ailleurs, le néologisme, né de l’association du mot cybernétique abrégé et du mot punk pour désigner ce mouvement est assez paradoxal. Dans les années 70, les hommes et les femmes du mouvement punk étaient en rupture totale avec le système politico-économique. Ils craignaient les avancées technologiques liées à l’informatique qu’ils trouvaient aliénantes. Ils n’avaient aucun espoir dans l’avenir de l’humanité et le clamaient avec leurs fameux slogans « No Future » et « Do It Yourself ». Ainsi, ils utilisaient leurs corps pour communiquer cette posture anti-etablishment de façon provocante.

Le surréalisme en réponse à la guerre

A la même époque en France, on ignore le mouvement en raison de l’hostilité envers la science-fiction, qui remonte à la première guerre mondiale. A la fin du XIXème siècle, les avancées technologiques faisaient rêver. La plupart des romans utopiques de l’époque les mentionnaient. Mais leur utilisation, dès la première guerre mondiale, n’a fait que décevoir. On pense à la mise au point de l’industrie guerrière et aux deux bombes atomiques qui ont frappé Hiroshima et Nagasaki. Cette déception donnera naissance au mouvement surréaliste. Celui-ci se définit par la toute puissance du rêve « au-dessus du réalisme », littéralement. Il faudra attendre des romans des années 90 (tels que La stratégie du requin de Jean-Claude Dunyach) pour voir le cyberpunk s’installer réellement dans le paysage littéraire français. Au Japon, le traumatisme de l’attaque nucléaire est souvent représenté de manière métaphorique dans les mangas cyberpunk. On peut d’ailleurs citer le manga Akira de Katsuhiro Otomo.

Le rapport de l’homme à la machine

Les thématiques de l’univers cyberpunk sont assez récurrentes. On y retrouve la prolongation de la vie après l’obsolescence du corps humain. La neurochimie et les machines maintiendront ce corps en vie. La question de la spiritualité face à des intelligences artificielles toutes-puissantes est souvent présente. On pose aussi la question des limites de l’humanité dans un univers où il est possible d’insuffler la vie artificiellement à des hommes-machines.

Un monde dystopique

Un théâtre quasi unique de l’action

La trame narrative des romans cyberpunk se passe presque toujours dans un monde décadent ou post-apocalyptique. L’action se déroule dans des mégalopoles surpeuplées et extrêmement polluées, mais qui demeurent le seul refuge des populations qui n’ont plus accès aux zones naturelles. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas ou peu évoquées. Souvent, les spots publicitaires lumineux contrastent avec la noirceur du décor mais font partie intégrante de l’esthétique du genre. Ils s’érigent comme les représentants de l’écrasement des masses par le marché. On y observe une société féodale où les plus pauvres seront soumis au pouvoir de la rue, tandis que les plus puissants siégeront impunis et intouchables.

Portrait du héros cyberpunk

Les antihéros des romans cyberpunk sont des personnages manipulés qui ne savent pas réellement à qui ils peuvent se fier. Ils font partie du système, mais tout comme Néo dans Matrix, ils sentent que quelque chose ne tourne pas rond dans leur vie et dans leur monde. Rêve collectif comme dans Matrix, réalité alternative comme dans Total Recall, cerveau piraté et souvenir incrusté comme dans Ghost In The Shell. Ils détournent leur connaissance du système pour leur liberté individuelle. La plupart du temps, ce sont des geeks, des hackers ou d’anciens militaires. Ils sont souvent candides, apolitiques et consensuels, pour mieux représenter notre société actuelle.

L’anticipation de notre avenir proche

D’abord marquée par l’apparition et l’ascension rapide de l’informatique, la littérature cyberpunk s’interroge sur les avancées technologiques qui caractérisent notre siècle. La technologie semble annoncer de profonds changements dans notre façon de concevoir l’humain. La recherche fait sans cesse des progrès dans l’étude de la biomécanique et avance progressivement dans l’étude du clonage thérapeutique. L’univers cyberpunk introduit donc une dimension réflective sur le concept d’humanité et de post-humanité. En traitant des questions actuelle par anticipation, ce mouvement réfléchit sur la capacité de l’homme à se créer et à se recréer.

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