Breath of the Wild – Nintendo Switch et Wii- U
Ce test nous a fait (presque) la même sensation qu’à la sortie de Zelda: The Wind Waker. On assiste à un renouveau de la licence profond et audacieux. Le jeu est conçu pour tenir et surprendre les joueurs tout en repoussant les limites du monde ouvert.
Breath of the Wild est un jeu capital pour Nintendo. Son développement a duré un peu plus de 4 années. Le studio en charge de la production n’a cessé de s’éloigner de toutes les mécaniques utilisées depuis des décennies. Ce choix a permis de repousser les capacités immersives, la densité, ainsi que la richesse graphique de l’opus. Tous ces efforts de développement visent à convaincre le maximum de joueurs d’investir dans la Nintendo Switch. C’est un pari réussi. Hidemaro Fujibayashi (réalisateur) et Eiji Aonuma (producteur) ont complètement renouvelé le genre action-aventure. Aujourd’hui, le titre est acclamé par des critiques internationales spécialisées tels que IGN et Kotaku. En France, il est salué, entre autres, par le site de référence Jeuxvideo.com.
Voir la critique de Lucidpixul sur Breath of Wild le livre d’art.
Hyrule, un monde ouvert riche et dense
Bien sûr, il existe déjà de nombreuses sagas de jeux vidéo qui fonctionnent sur le modèle du monde ouvert et qui font référence. Je pense notamment à des titres tels que The Elder Scrolls, Grand Theft Auto ou encore Assassin’s Creed. Mais certains jeux n’exploitent pas réellement le potentiel du genre. Ils sont de plus en plus vastes mais sans densité ni scénario construit. On peut citer par exemple Superman Returns. Breath of the Wild place le joueur au sein d’une carte riche et dense disposant d’innombrables quêtes. Son arc scénaristique principal est complexe et de qualité : c’est précisément là où le jeu se démarque de ses prédécesseurs.
Hyrule est un vrai monde qui offre une vraie cohérence, une variété de paysages et de peuples différents. Ainsi, chaque région revêt un style propre à ses habitants. Que ce soit les Gerudos amateurs du désert, le village de Cocorico inspiré du folkore nippon, ou encore les Zoras amateurs des vastes étendues d’eau. Cette cohérence nous évite les impressions de déjà-vu. Elle participe à un dépaysement qui rend encore plus agréable l’expérience de jeu.
Au sein de l’univers Zelda, certaines règles immuables ne changent pas. L’aventure commence lorsque Link se réveille sur Hyrule amnésique, après un long sommeil de 100 ans. Guidé par une voix mystérieuse, il doit retrouver Ganon (le fléau), l’antagoniste mythique de la série, afin de restaurer la paix sur le continent. Vous verrez, il est très facile de dévier de la quête principale. On se laisse vite aller au rythme de ces interactions et des découvertes.
Cet Hyrule nous offre un arc scénaristique complexe
Les différents protagonistes n’ont pas un « script » unilatéral. Ils nous offrent eux aussi des relations profondes imbriquées en fonction de leurs craintes et de leurs espoirs. On ressent une véritable alchimie dichotomique tout au long de la narration. Et pour cause : un peu plus de la moitié des événements se sont déroulés il y a un peu plus d’un siècle.
Link retourne sur des lieux avec quelques clichés pour tenter de comprendre le conflit qui a mené Hyrule à sa perte. De ce fait, la plupart des lieux visités seront des ruines, vestiges d’une autre époque où la nature reprend ses droits. La plupart des zones habitées se trouvent en périphérie du royaume. Link chemine à travers ces ruines guidé par une voix mystérieuse. Il traverse d’anciens champs de batailles, d’anciens donjons. Les journées intimes, les photographies, ainsi que les magnifiques paysages en ruine laissent flotter un sentiment de mélancolie saisissante.
Vous verrez que tout comme Hyrule, dont l’aspect cel shading ajoute en lyrisme et en beauté, Link a évolué et possède de nouvelles aptitudes. Dorénavant, il n’a presque rien à envier à Altaïr Ibn-La’Ahad (Assassin’s Creed). Il peut agripper et monter sur n’importe quelle paroi, pourvu que sa jauge d’endurance le lui permette.
Vous pourrez adopter votre propre rythme de jeu
Le Game Design est soigné mais reste classique pour un RPG. On constate que les développeurs souhaitent instaurer une sensation de liberté au joueur, tout en le guidant furtivement. Si vous vous êtes éloigné de la quête principale, vous remarquerez de petits indices discrets qui vous réorienteront vers le scénario principal. Cela se fera par de petits mouvements de caméra discrets qui mettront en évidence un arbre, un animal ou un sentier, par exemple. Cette technique est un classique du jeu vidéo, utilisée ici avec brio. Déjà, dans Super Mario, les pièces permettaient de guider le joueur sans indications explicites. Ce procédé est repris dans de nombreux autres jeux, tels que Crash Bandicoot. Vous constaterez que des situations telles que la vue depuis le planeur sont très immersives et pourraient presque vous donner des vertiges.
Des petits défauts qui n’enlèvent rien à l’expérience de jeu
Même si Breath of the Wild est un très bon jeu et qu’il a plus que toutes les qualités nécessaires pour porter la Switch, il n’est pas exempt de tout défaut. Les habitués de la saga remarqueront que les donjons sont assez différents des jeux précédents. Surtout, ils sont beaucoup moins complexes. On peut aussi reprocher une distance d’affichage relativement courte, ce qui bien souvent empêche d’anticiper l’apparition d’un ennemi. De fait, le joueur peut être pris de court puisqu’automatiquement à portée de vue. Enfin, il y a quelques petits problèmes de framerate ici et là. Cela dit, dans l’ensemble ces petits défauts n’impactent pas vraiment l’expérience de jeu.
Une interaction immersive avec l’environnement qui démarque ce Zelda de ses concurrents
Comme je l’ai énoncé lors de mon introduction, les développeurs de cet opus se sont éloignés du workflow traditionnel. Cela se ressent fortement dans l’expérience de jeu. Même Link a dû s’en apercevoir à son réveil. Il est doté d’une gestion de l’endurance et doit confectionner des potions pour se rationner. Plutôt que de visiter de grands donjons, il visite une multitude de petits sanctuaires. Breath of the Wild s’éloigne régulièrement des canons standard de la licence Zelda pour mieux nous surprendre. Nintendo réussit un tour de force. Le constructeur s’approprie des mécaniques et des codes présents dans différents jeux de monde ouvert pour créer son propre standard.
Avec un seul jeu et une licence qui peinaient à se renouveler, Nintendo s’impose face à des spécialistes du genre tels qu’Ubisoft. Il nous offre une aventure profonde et immersive avec un sentiment de liberté digne de Minecraft. Zelda The Breath Of Wild est disponible sur Switch et Wii U.