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Naissance et popularisation du cosplay

Popularisé par des grands salons autour de l’univers du cinéma, de la science-fiction et des Comics tels que le Comiket et le Comic Con, le cosplay est ancré dans la culture geek. Au Japon, c’est même un véritable phénomène culturel. Retour sur une tendance qui a débuté aux Etats-Unis.

Qui sont et que font les cosplayers ?

Le cosplay apparaît il y a un peu plus de 30 ans, en même temps que les premières séries et films de science-fiction. Le costume player -ou cosplayer- va personnifier son personnage favori en revêtant son costume. Parfois, il adopte même son état d’esprit. Pour cela, il va combiner trois activités : la fabrication de son costume, le maquillage et l’interprétation. Ensuite, il peut participer à des shooting photo, animer des sorties, organiser des rencontres et participer à des concours. Les cosplayers sont de véritables passionnés qui profitent de chaque événement pour partager leur enthousiasme et leur créativité. Ils incarnent leur personnage dans une ambiance positive. Longtemps marqué par une image négative d’adultes déguisés, le cosplay gagne ses lettres de noblesse à partir des années 2000.

Le personnage fournit une identité protectrice au cosplayeur, ce qui peut permettre des interactions plus confiantes et ouvertes. De plus, la tenue et l’environnement de cosplay permettent au cosplayeur de jouer le rôle du personnage dans lequel il est habillé et de s’engager dans de telles activités sociales au sein d’une structure sociale «sûre» et «solidaire». (Winge, 2006)

Les prémices du cosplay

Le premier déguisement se rapprochant le plus du cosplay remonte à l’année 1908. A l’époque, le couple Fell, originaire de Cincinnati dans l’Ohio, participe à un ball masqué. Ils sont alors déguisés en Mister Skyjack et Miss Pickles, deux personnages issus d’une bande dessinée publiée dans le Chicago Day Book. Toutefois, on considère que le premier cosplayer reste Forrest J. Ackerman. Fan de science-fiction, il collectionnait tout ce qui se rapportait à cet univers. Et en 1939, lors de la toute première convention Worldcon, il arriva déguisé en homme du futur. A cette époque, interpréter un personnage n’était pas du tout acquis. Son costume se fit remarquer par les organisateurs qui ont créé par la suite un concours de costume : la Mascarade.

Plus tard, Ackerman est devenu une figure clé dans la création du fandom de science-fiction et fut membre de la Los Angeles Science Fantasy Society. Il a créé le personnage de Comics Vampirella. Son travail inspira l’ensemble de la science-fiction américaine.

La comédie musicale gothique The Rocky Horror Picture Show, sortie en 1975, va participer à l’extension du phénomène aux Etats-Unis. Les fans sont séduits par les différentes variétés de costumes portées par Susan Sarandon, Tim Curry et Barry Bostwick. Chaque semaine, ils se ruent dans les salles de cinéma, déguisés comme les personnages du film. L’engouement est tel que certains n’hésitent pas à rejouer des scènes durant les projections. Pendant ce temps, à la Mascarade, les fans de science-fiction arborent les costumes de leur(s) personnage(s) favoris. Le phénomène atteint son paroxysme avec le succès de franchises telles que Doctor Who, Star Wars et Star Trek. Désormais, à la Mascarade, on voit des costumes de Spock, de la princesse Leia et des stormtroopers.

Les déguisements restent destinés aux conventions de science-fiction et aux Mascarade jusqu’en 1983. A l’époque, Nobuyuki Takahashi, rédacteur chez Studio Hard Inc, assista à la Worldcon à Los Angeles. Il fut étonné par la variété de participants qui arpentaient les couloirs, parés de leurs plus beaux costumes. De retour au Japon, il écrivit pour la revue d’Akita Shonen, My Anime.

L’expansion du cosplay au Japon

Il a fallu attendre que Nobuyuki Takahashi invente le terme pour désigner la pratique du cosplay au Japon. Aucun mot ne décrivait alors cette tendance qui, pourtant, existait déjà depuis les années 70 grâce à la diffusion des premiers animés et des mangas

Alors qu’au Japon Takahashi encourage le cosplay, aux Etats-Unis les Américains introduisent le manga dans leurs conventions de science-fiction. En attestent certaines photos de Karen Schnaubelt et de ses amis en 1979.

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Le premier groupe de cosplay de Karen Schaubelt.

Ce qui explique l’expansion rapide du cosplay au Japon réside dans le matériel de base. Aux Etats-Unis, les bandes dessinées servent de support à des films, à des séries et aux superproductions hollywoodiennes comme la franchise Avengers. Cependant, elle ne cible pas la majorité des citoyens américains. Au Japon, à l’inverse, les mangas s’adressent à toutes les couches de la population (hommes, femmes, adolescents, enfants confondus).

Pour orienter le lecteur, il existe une vraie typographie du manga. Les komodos, comme Pokémon, s’adressent à la jeunesse. Le style josei parle des relations amoureuses, séduction et travail. A noter que des hommes en lisent. Le shojo trouve son public parmi les jeunes filles, raconte des histoires d’amour et d’amitié centrées autour d’une héroïne. L’artiste d’après-guerre Junichi Nakahara (1913-1983) a d’ailleurs influencé le style vestimentaire des personnages de shojo en orientant la conception de ses personnages de mangas vers la mode.

Cette digression sur les mangas permet de mieux cerner pourquoi les Japonais, et surtout les Japonaises, vont pleinement adhérer au cosplay et lui donner l’aura qu’on lui connaît aujourd’hui.

Après 30 ans, le cosplay devient culturel au Japon

Cette univers étendu est porté par des publications riches, une immense diversité de cibles et un univers graphique qui lui est propre. De nombreux lecteurs et lectrices écrivent, dessinent et impriment leurs propres mangas distribués ensuite lors de conventions de fans.

Les quartiers Akihabara et Harajuku de Tokyo sont réputés pour leurs cosplayers et leurs boutiques. Dans le quartier d’Akihabara, il existe des cosplay cafés : ce sont des brasseries ou des cafés où le personnel accueille les clients déguisé en personnages d’animés ou de mangas.

La première convention documentée de la culture pop japonaise fut le Comiket. La première édition s’est tenue en décembre 1975 et a réuni environ 600 fans. Aujourd’hui, le Comiket est la plus grande convention populaire autour du manga et de l’animé mondial. C’est un rendez-vous semestriel qui réunit pas moins de 500 000 passionnés. Depuis 2003, le Word Cosplay Summit se déroule à Nagoya et met en compétition des binômes afin d’élire le meilleur cosplayer.

Une arrivée tardive en Europe et un style qui se démarque

Le cosplay arrive en Europe au milieu des années 90, après s’être grandement popularisé au Japon. Le style européen se démarque de ses compères japonais et américain par plusieurs points. Les personnages incarnés proviennent de divers horizons : films, séries TV, jeux vidéo, littérature, etc. Les cosplayers européens réalisent l’intégralité de leurs costumes, même pour les accessoires, du plus anodin au plus imposant. De plus, la performance scénique est beaucoup plus poussée. De manière générale, le cosplay a une dimension plus théâtrale en Europe. Les cosplayers s’engagent à n’utiliser leur costume qu’une seule fois et à en recréer un nouveau pour chaque nouvelle convention ou compétition. Lors des compétitions européennes, les déguisements partiellement achetés en magasin sont absolument proscrits. Et bien souvent, le ou la gagnante a généralement, en plus de ses talents artistiques, un talent scénique prononcé.

En France, les cosplayers se retrouvent lors du salon de la Japan Expo. Il existe aussi des compétitions, telle que la Coupe de France de cosplay.

Tout comme les animés, le cosplay est né de la fusion entre la culture américaine et la culture nippone. Aujourd’hui, les thèmes abordés sont de plus en plus variés et ne s’adressent plus uniquement au public de base, attiré par la science-fiction, les animés et les mangas.

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