Cinéma

Buffy contre les vampires

Lancée par la FOX et diffusée du 10 mars 1997 au 20 mai 2003, Buffy contre les vampires est une série culte qui renouvelle l’esthétique féminine dans les séries TV, mais pas que. La tueuse débarque sur Amazon Prime Video, profitons-en pour replonger dans l’univers de Sunnydale.

Bien avant Buffy contre les vampires, le petit écran propose des séries qui mettent en scène des héroïnes fortes, de Ma sorcière bien-aimée (1964-1972) à Ally McBeal (1997-2000). La différence de Buffy contre les vampires et de l’univers de Joss Whedon, c’est de transgresser les codes établis. Sarah Michelle Gellar incarne le stéréotype de la jeune femme en détresse : blonde, plutôt jolie et au fait des tendances mode. Pourtant, ces attributs sont un trompe-l’œil. L’anti-héroïne transgresse en se sauvant elle-même puis en annulant la domination masculine par sa force. Ses amis, son entourage et les ennemis mythiques qu’elle rencontre participent pleinement à ce parcours initiatique.

Alors que la série arrive sur Amazon Prime, revenons sur les éléments qui confèrent à Buffy contre les vampires son statut de série culte mais aussi de miroir d’une volonté d’affirmation et de revendication féminine dans les séries télévisées.

Buffy, une héroïne emblématique à l’inverse des stéréotypes

Buffy la tueuse de vampire, saison 7

Buffy est annonciatrice des séries qui prônent l’hégémonie féminine. À la même époque, Sex and the City (6 juin 1998 – 22 février 2004) est sur le même front et aborde la sexualité d’un point de vue féminin et sans tabous. Joss Whedon et Marti Noxon ont créé une mythologie autour de la Tueuse où se mêlent des intrigues liées au fantastique, à l’horreur et au féminisme. Les aventures du Scooby-Gang réunissent des millions de téléspectateurs et finissent par intéresser le milieu universitaire dans le cadre de l’analyse des phénomènes culturels.

Buffy, sujet d’études universitaires

Aux Etats-Unis, la série est le sujet d’une centaine de livres et d’articles regroupant plusieurs domaines, notamment les sciences humaines et l’analyse des phénomènes de société par les femmes (woman studies). Elle est aussi au centre de conférences internationales. En France, Sandra Laugier et Sylvie Allouche ont publié Philoséries ; Buffy, tueuse de vampires (20 août 2014) où elle analysent l’impact de la série sur la culture populaire.

Buffy, un modèle pour l’ensemble des téléspectateurs

Buffy Summers est souvent présentée comme un modèle féministe, mais elle est aussi un modèle de combativité pour l’ensemble des téléspectateurs. Son rôle d’élue parmi les élues lui impose de lourdes responsabilités et une destinée tragique qu’elle rejette. Elle résout régulièrement les manifestations surnaturelles liées à la Bouche de l’Enfer de Sunnydale (vampires, démons, déesses, humains). L’héroïne accomplit sa mission au prix de sa vie (épisodes « Le Manuscrit » et « Apocalypse« ) et représente un modèle éthique basé sur la protection d’autrui. Buffy est à l’antipode de sa lignée et en particulier de Faith. De manière générale, sa posture s’éloigne des héros traditionnels parfois isolés ou déprimés (Batman, Jessica Jones, etc.) Enfin, son cercle social et intime indispensable à son équilibre l’éloigne de la destinée tragique réservée aux tueuses.

Joss Whedon réussit son pari avec une série télévisée qui véhicule une vision différente des femmes. Buffy est une (anti)héroïne mystique, forte et c’est une leader. De nombreux fans confrontés à des situations complexes, et ce quel que soit leur sexe, se demandent ce que ferait Buffy ! (Tous comme Xander dans « Disparitions sur le campus« ).

Sunnydale, parcours initiatique et démons métaphoriques

buffy fin de la série

Buffy contre les vampires débute en pleine adolescence des protagonistes. Ce n’est pas un hasard si Buffy, Willow et Alex fréquentent un lycée situé au dessus de la Bouche de l’Enfer. Ce positionnement métaphorique renforce l’idée que Buffy et ses amis se situent au paradigme de toutes les crises identitaires liées au passage vers l’âge adulte. Durant toute la série, et particulièrement pendant les trois premières saisons, les membres du Scooby-Gang se confrontent aux incarnations de leurs craintes profondes et de leurs pensées inavouables. Tout cela se déroule sous l’œil éclairé de Rupert Giles, seule figure patriarcale bienveillante du Buffyverse.

Le fait que Sunnydale se situe au dessus de la Bouche de l’Enfer revêt une importance scénaristique capitale. Cet élément permet d’expliquer les nombreuses manifestations surnaturelles et démoniaques répétitives, sans user le téléspectateur. Cela évite le syndrome de Wisteria Lane. Après plusieurs saisons, de nombreux fans étaient las de voir le même quartier être le théâtre d’évènements toujours plus dramatiques et improbables (meurtres à répétition, etc.)

L’intrigue se déroule principalement dans la maison de Buffy, dans le lycée de Sunnydayle et son campus. Les personnages se retrouvent aussi parfois dans l’incontournable cimetière de la ville et au Bronze, un club branché où les jeunes de la ville se retrouvent autour d’un verre et pour danser. Régulièrement, des artistes et des groupes musicaux apparaissent en guest-stars sur la scène du Bronze. Parmi tant d’autres, on peut citer The Breeders, Sprung Monkey ou encore Michelle Branch.

Le Scooby-Gang, des relations complexes et attachantes

Buffy annule rapidement le stéréotype qu’elle inspire de petite blonde fragile. C’est une tueuse de vampires badass aux répliques bien senties. Tout au long de la série, on suit son parcours entre son besoin de normalité et l’importance de son rôle de tueuse. Cette dualité se retrouve dans les caractéristiques de nombreux héros contemporains tels que Peter Parker, Clark Kent et beaucoup d’autres.

Au début de la série, ses deux meilleurs amis interprétés par Alyson hannigan et Nicholas brendon sont assez stéréotypés. Mais ils bénéficieront d’un développement structuré. Willow, très timide et réservée, deviendra une puissante sorcière crainte et respectée. Quant à Alex, lui qui haïssait les vampires par jalousie vis-à-vis d’Angel, il vivra une histoire d’amour avec Anya Jenkins, un ancien démon vengeur. Joyce Summers et Rupert Giles incarnent la sécurité et le monde adulte. Joyce apparaît uniquement dans la résidence Summers alors que Rupert sert d’intermédiaire entre les deux mondes et n’hésite pas à se rendre au Bronze tout en restant en retrait. (Bon, sauf dans les rêves interconnectés entre tueuses de l’épisode « Cauchemar » où il monte sur scène !) La série propose aussi son petit lot de triangles amoureux.

Si plusieurs personnages intègrent le Scooby-Gang, Buffy, son observateur et ses deux meilleurs amis restent le noyau dur du groupe et de la série. Cordélia et Weslay deviendront centraux dans la série Angel dont l’intrigue se déroule à Los Angeles. Et leurs personnages seront beaucoup plus développés.

Buffy contre les vampires est précurseur dans la représentation de l’homosexualité à l’écran grâce à l’installation progressive du premier couple lesbien à la télévision. Willow et Tara.

De par sa mission de tueuse, Buffy a un rapport permanent et presque intime avec le mal. Ce questionnement sera au centre de ses relations avec les vampires Angel et Spike.

Les vampires de Sunnydale

Les vampires incarnent une part de soi dissimulée que l’on ne peut dévoiler à la société. Dans le Buffyverse tout comme dans la plupart des œuvres où ils apparaissent, ils sont intimement liés à la souffrance et à la jouissance. L’exemple le plus représentatif est leur morsure, qui oscille entre douleur et métaphore érotique. Durant sept saisons, Buffy rencontre plusieurs vampires charismatiques dont les histoires personnelles mêlent drames et romantisme. Angélus et Spike sont des prédateurs drôles et charmants. Harmonie renvoie à la sensualité perverse. Le maître d’Aurélius et les Turok-Han symbolisent parfaitement la répulsion et la prédation qu’inspirent les vampires. Surtout, chacune de ces figures vampiriques est l’incarnation de différents archétypes du monstrueux.

Conclusion sur Buffy contre les vampires

Pour conclure, Buffy contre les vampires est une série précurseur de par son fil narratif et sa construction. Chaque épisode parfaitement structuré participe à résoudre un ensemble de questions sociales et psychologiques nécessaires à l’évolution des différents protagonistes. Au moment de sa sortie, la série propose une héroïne qui répond aux attentes des téléspectateurs occidentaux. Les femmes s’identifient à une anti-héroïne féministe. Les hommes peuvent la voir comme le symbole de la femme forte et séduisante. La mythologie des tueuses, en corrélation avec le pouvoir des sorcières incarné par Willow, promulgue un Buffyverse où les femmes prennent le pouvoir indépendamment des hommes qui sont en retrait. Buffy contre les vampires déconstruit tous les stéréotypes relationnels, héroïques et sexistes.

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