A Minecraft Movie : l’aventure cubique entre deux mondes
Lorsque Hollywood pioche dans le coffre à succès vidéoludiques, il y a souvent de quoi s’inquiéter. Cette fois-ci, c’est au tour de Minecraft, phénomène planétaire au succès incontestable avec ses 238 millions de copies écoulées, de connaître l’épreuve périlleuse d’une adaptation en prise de vues réelles. Jack Black, fidèle à son humour déjanté, est chargé de porter l’univers cubique sur ses épaules. Mais fallait-il vraiment « casser » les blocs pour passer au grand écran ?
À qui se destine le film ?
Sans surprise, « A Minecraft Movie » vise clairement un public jeune et familial, cherchant à séduire autant les enfants adeptes du jeu que les adultes bercés par le charme nostalgique des pixels. Les références au gameplay, l’humour enfantin et l’aspect aventure rappellent les codes du film familial classique, évoquant parfois l’ambiance d’un « Jumanji » revisité à la sauce cubique.
De quoi parle-t-on exactement ?
Le scénario, signé Jared Hess (« Napoleon Dynamite »), suit quatre protagonistes maladroits : Henry (Sebastian Eugene Hansen), Natalie (Emma Myers, découverte dans la série « Wednesday »), Dawn (Danielle Brooks de « Orange is the New Black ») et Garrett, incarné avec enthousiasme par Jason Momoa. Aspirés mystérieusement dans l’Overworld, un univers cubique dangereux mais fascinant, ils doivent unir leurs forces sous l’œil vigilant et burlesque de Steve, campé par Jack Black.
Ici, le film joue la carte du récit initiatique classique : apprentissage, cohésion d’équipe, dépassement de soi… Tous les ingrédients sont présents, même si l’ensemble manque parfois de subtilité narrative.
Un casting séduisant mais inégal
Sans surprise, Jack Black tire son épingle du jeu avec son énergie contagieuse, s’autorisant quelques touches d’humour absurde parfaitement dans sa zone de confort, rappelant avec nostalgie son rôle culte dans « School of Rock ». Jason Momoa, toujours aussi charismatique, parvient à voler quelques scènes grâce à une autodérision bienvenue, tandis qu’Emma Myers et Danielle Brooks livrent des performances honnêtes mais sans réelle surprise.
La déception vient plutôt de Sebastian Eugene Hansen, dont l’interprétations manque de relief, laissant son personnage de geek brillant un peu dans l’ombre des autres.
Des effets spéciaux entre innovation et maladresse
Côté technique, l’ambition était grande : recréer en prises de vues réelles l’univers pixélisé d’un jeu culte n’est pas une mince affaire. Si le pari est partiellement réussi avec quelques scènes visuellement spectaculaires, le rendu global manque souvent de cohérence. La frontière entre CGI et acteurs réels apparaît trop souvent visible, créant une dissonance visuelle qui tranche avec l’harmonie recherchée.
Là où d’autres adaptations de jeux vidéo en live-action comme « Sonic » ou « Detective Pikachu » ont trouvé leur équilibre entre réalité et virtuel, « A Minecraft Movie » semble hésiter constamment entre hommage esthétique et réalisme maladroit.
Alors, fallait-il adapter Minecraft ?
Adapter « Minecraft » au cinéma relevait sans doute d’un pari audacieux, voire risqué. Si la prestation survoltée de Jack Black et le charisme naturel de Jason Momoa réussissent à donner un certain charme au film, l’ensemble manque d’une vision claire et d’une réelle profondeur narrative. Un divertissement correct pour les plus jeunes, mais insuffisant pour marquer durablement l’esprit des fans les plus exigeants.
Pour paraphraser Steve (Jack Black) dans une scène emblématique : « Ce n’est pas parce que tout est cubique qu’il ne faut pas arrondir les angles ». Un conseil que l’équipe du film aurait peut-être dû suivre pour mieux réussir son passage du pixel à l’écran.