Dr. Slump : L’univers loufoque d’Akira Toriyama
Le contexte de la naissance d’un univers délirant
En 1980, Akira Toriyama n’est pas encore ce monstre sacré du manga que Dragon Ball fera de lui. Il est alors un auteur aux idées farfelues, passionné d’humour et de gags visuels. C’est dans ce contexte que naît Dr. Slump, une série qui ne ressemble à aucune autre, bien loin des histoires de combats et d’aventures épiques que l’on associe habituellement à Toriyama. Ici, place à l’absurde, aux gags éclatants, et à un univers où tout peut arriver. À l’époque, Toriyama voulait simplement s’amuser avec des histoires courtes et légères, sans aucune pression pour créer des intrigues complexes ou dramatiques.
Dr. Slump, un ovni humoristique
L’intrigue est centrée sur le professeur Senbei Norimaki, un inventeur un peu à côté de la plaque, qui crée Arale, une petite fille robot dotée d’une force surhumaine mais qui ne semble pas comprendre à quel point elle est spéciale. Le cadre ? Le village Pingouin, un endroit où les lois de la physique (et du bon sens) n’existent pas vraiment.
Les personnages sont tous plus fous les uns que les autres : Arale, bien sûr, qui incarne l’innocence et la maladresse, mais aussi Senbei, qui est sans cesse dépassé par les événements qu’il déclenche lui-même. On y croise des extraterrestres, des animaux qui parlent, des machines improbables… Un joyeux chaos orchestré avec un humour décalé, souvent très visuel, qui faisait mouche à chaque épisode.
L’humour, signature de Dr. Slump
Dr. Slump se démarque par son humour absurde, qui joue sur les anachronismes, les jeux de mots, et des situations aussi improbables que drôles. Toriyama se permet toutes les excentricités possibles, sans se soucier de la cohérence de son univers. Un exemple typique : le personnage de Suppaman, une parodie évidente de Superman, qui est aussi ridicule qu’inefficace. Il est souvent montré en train de manger des prunes acides pour se « revitaliser », un contrepoint hilarant à la figure héroïque classique.
C’est aussi une série où l’humour scatologique fait régulièrement surface, à travers Arale qui adore jouer avec des excréments (oui, tu as bien lu). Ce genre d’humour, parfois un peu osé, est contrebalancé par la naïveté et la bienveillance qui règnent constamment dans l’univers de Dr. Slump.
L’accueil de Dr. Slump au Japon et en France
Au Japon, la série a été un véritable phénomène, rapidement propulsée parmi les plus grandes œuvres de l’époque. Le manga a séduit un large public, et l’adaptation en anime a été un succès immédiat, diffusée pendant plus de 240 épisodes. Il faut dire que Dr. Slump avait tout pour plaire : de l’humour pour les enfants, mais aussi des références plus subtiles pour les adultes.
En France, l’anime a débarqué un peu plus tard, avec le boom des années 80 et 90 où les programmes japonais inondaient les chaînes comme Club Dorothée. L’humour décalé et l’absurde ont trouvé un public fidèle, bien que certaines blagues aient été un peu édulcorées dans les traductions. Toutefois, la série a su se faire une place dans le cœur des fans d’anime, même si elle est souvent restée dans l’ombre du géant Dragon Ball.
Le crossover avec Dragon Ball : la rencontre improbable
Un des moments les plus mémorables pour les fans, c’est évidemment le crossover entre Dr. Slump et Dragon Ball. Dans l’arc du Général Blue, Goku se retrouve au village Pingouin et fait la rencontre d’Arale. Ce mélange des univers a été un clin d’œil hilarant où la puissance absurde d’Arale égale celle de Goku, ce qui donne lieu à des combats aussi hilarants qu’irrationnels. Ce crossover a également permis de rappeler que, même dans l’univers fantastique de Dragon Ball, l’humour reste une composante essentielle du style de Toriyama.
Un héritage léger, mais marquant
Bien que Dr. Slump ne soit pas aussi emblématique que Dragon Ball, il reste une série marquante par son originalité et son humour. Toriyama lui-même a souvent avoué qu’il préférait la légèreté de Dr. Slump à l’intensité narrative de Dragon Ball. L’univers absurde et joyeux du village Pingouin a laissé une empreinte durable sur la manière dont l’humour a été perçu dans le monde de l’anime.
En France, si Dr. Slump n’a pas eu le même écho que d’autres œuvres de Toriyama, il reste un petit trésor pour les amateurs de comédies animées, et un rappel que l’humour absurde peut parfois être aussi impactant qu’une grande épopée.
Conclusion
Dr. Slump, c’est le Toriyama sans pression, celui qui s’amuse à créer des personnages improbables et des situations loufoques. C’est une série qui continue d’avoir un charme unique, même des décennies après sa création. Loin de la quête de puissance de Dragon Ball, Dr. Slump nous ramène à un humour simple, absurde, mais toujours efficace. Un classique à redécouvrir, surtout pour se rappeler que Toriyama, avant d’être le père de Goku, était surtout un maître du gag.