Seventeen en tournée : que vaut le film Right Here ?
Qui est Yoondong Oh ?
Yoondong Oh est l’un des rares réalisateurs sud-coréens à s’être imposé dans un registre singulier : la mise en scène documentaire de la K-pop. Après avoir signé des œuvres telles que Blackpink: The Movie (2021) ou Monsta X: The Dreaming (2021), il affine une approche cinématographique immersive, à la frontière du film-concert et de la chronique artistique. Chez lui, l’objectif n’est pas seulement de filmer une performance, mais de donner à voir l’énergie collective, de faire sentir la mécanique émotionnelle propre à chaque groupe.
Avec Seventeen: [Right Here], il poursuit une trajectoire cohérente : restituer la puissance du live tout en livrant un portrait sensoriel du groupe dans l’instant.
Ce que le film donne à voir
Le long-métrage suit la tournée mondiale du groupe Seventeen, filmée notamment lors de leur performance à Goyang. Ce n’est pas une simple captation : le film recompose la tension de la scène avec un langage de cinéma. Les effets de caméra, le montage millimétré et les transitions musicales sont pensés pour offrir une montée en puissance progressive, fidèle à la dramaturgie d’un concert pensé comme un récit.
Les séquences alternent entre plans larges chorégraphiés, portraits intimes de chaque membre, et prises de vues backstage ponctuelles qui densifient la matière du film.
🕺 Les performances : une symphonie collective
Seventeen, reconnu pour ses performances chorégraphiques d’une précision remarquable, délivre ici une prestation fluide et exigeante. Ce qui frappe n’est pas tant la technique – attendue à ce niveau – que la cohésion organique du groupe. Il n’y a pas de vedette qui écrase les autres ; le collectif agit comme un seul corps.
Cela dit, Hoshi se démarque par son expressivité corporelle, Woozi impressionne par son intensité vocale, et Joshua rayonne d’une présence charismatique qui agit comme un fil rouge émotionnel tout au long du film.
Une setlist pensée comme une dramaturgie
Le choix des titres n’est pas anodin. De « Ash » à « God of Music », la progression musicale épouse une ligne narrative : d’abord introspective, parfois mélancolique, puis de plus en plus flamboyante. On y lit le parcours du groupe, ses doutes, sa maturité, son rapport au succès. Les transitions entre les morceaux sont pensées pour que l’intensité émotionnelle ne redescende jamais vraiment, créant un effet de montée continue jusqu’à l’explosion finale.
Une mise en scène pensée pour le cinéma
Yoondong Oh ne filme pas seulement pour les fans : il filme aussi pour les salles. Le travail sur la spatialisation du son, les changements d’angles rapides mais lisibles, et les plongées dans la foule sont autant de moyens de plonger le spectateur au cœur de la performance.
Le spectateur est constamment en mouvement, tantôt sur scène avec les artistes, tantôt dans la foule, puis dans une bulle plus intime avec certains membres du groupe. Cette oscillation entre distance et proximité constitue la signature de Yoondong Oh.
Le sentiment en sortant de la salle
On quitte la projection avec un mélange de gratitude et de saturation sensorielle. Le film n’est pas un documentaire didactique, ni un simple fan service. Il s’agit d’un espace suspendu où la performance se déploie comme un objet cinématographique autonome.
On en retient l’exigence du groupe, la rigueur du montage, et le plaisir de voir un concert filmé avec une vraie intention de mise en scène. Même pour un spectateur peu familier de la K-pop, Seventeen: [Right Here] propose un objet de cinéma à part entière, où le corps devient langage, et la scène un terrain d’expression total.